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Fragments ou la Vieille qui tricotait son Ombre...

http://vimeo.com/86895108 (10 minutes)

https://vimeo.com/86111300 (1 heure)

 

Luna et le P’tit Bonhomme…

http://vimeo.com/85826346 (35 minutes)

 

L’Imparfait

https://vimeo.com/85813881 (1 heure)

 

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Compagnie Septembre

 

Philippe Ricard

34, rue Ferrer

69600 Oullins

06 87 44 31 16

phifard2@gmail.com


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http://www.danglefou.fr/

 

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http://www.nanomusic.fr/

 

Aurélie GAILLARD (Plasticienne)

http://aurelie.gaillard.chez.com/

 

Yohann ANTOINE (Animateur 2D)

http://yohannantoine.blogspot.fr/

 

Ceux qui ont participé aux différents projets

Les créations précédentes

/ / /

“Adiós a Mamá”

Reinaldo Arénas

(traduction Liliane Hasson)

« En raison de mon état de santé et de la terrible dépression qu'elle me cause du fait de mon incapacité à continuer à écrire et lutter pour la liberté de Cuba, je mets fin à ma vie [...] je veux encourager le peuple Cubain dans l'île comme à l'extérieur, à continuer le combat pour la liberté. [...] Cuba sera libérée. Je le suis déjà. »

Reinaldo Arénas, le 6 décembre 1990

1.

Maman est morte,

déclare Onelia en entrant au salon où nous attendions,

désespérés,

notre tour pour prendre soin de la malade.

Elle est morte,

redit-elle d’une voix étouffée,

lointaine.

Nous la regardons tous,

étonnés,

sans prendre conscience encore de la nouvelle,

et la stupeur récente nous rend muets.

Lentement,

en rang,

nous nous dirigeons vers la grande pièce où elle se trouve

2.

allongée,

sur le dos ; son long corps recouvert jusqu’au menton par le dessus-de-lit monumental que,

selon ses indications précises et guidés par son regard,

nous avons tricoté tous ensemble et que nous lui avons offert pleins d’enthousiasme pour son dernier anniversaire…

Elle est là,

rigide,

pour la première fois immobile,

sans nous regarder,

sans nous adresser le moindre signe.

Raide,

toute pâle.

Tous les quatre,

nous nous sommes approchés doucement du lit et nous sommes restés debout,

à la contempler.

Ofelia se penche sur son visage.

Odilia et Otilia,

à genoux,

lui baisent les pieds.

Finalement,

Onelia va vers la fenêtre et s’abandonne au délire.

Quant à moi,

je m’approche de plus près pour contempler son visage complètement pétrifié,

ses lèvres serrées,

tendues ;

je vais passer la main sur son visage,

mais je crains que son nez ne me blesse,

tant il est acéré…

Maman,

Maman,

crient maintenant Otilia,

Odilia,

Onelia et Ofelia.

De hurlements en sanglots elles lui tournent autour sans cesse,

en même temps qu’elles se frappent la poitrine et le visage,

se tirent les cheveux,

se signent,

s’agenouillent vertigineusement sans arrêter la ronde

3.

à laquelle,

sans pouvoir me contenir,

en vociférant et en me flagellant à mon tour,

je me joins.

Dans un désespoir absolu,

nous passons la soirée et la nuit à gémir autour de maman.

Maintenant que l’aube pointe,

que le jour se lève,

nous continuons à pousser des râles.

À chacun des tours que je fais,

je contemple son visage qui me semble encore plus allongé et bizarre.

Aussi,

lorsque la nuit revient

(et nous n’avons pas cessé de tourner en nous lamentant),

je ne la reconnais presque pas.

Quelque chose,

comme une grimace terrorisée,

douloureuse et terrible

(horrible)

s’est emparé peu à peu de toute sa figure.

Je regarde mes sœurs.

Mais toutes,

imperturbables,

continuent de pleurer et de tournoyer autour du cadavre,

sans avoir perçu de changement et sans montrer de signes de fatigue.

Elles répètent maman,

maman,

elles sont infatigables,

possédées,

comme dans un autre monde.

Moi,

tout en tournant derrière elles

-de nouveau il fait nuit-

je porte mes regards vers le visage noirci…

Maman à l’effeuillage du maïs,

qui organise les différents travaux,

inonde la nuit de l’odeur du café,

distribue du nougat à la noix de coco,

nous promet,

pour demain,

un voyage au bourg :

c’est cela,

maintenant ?

Maman qui nous met à l’abri avant d’éteindre le quinquet,

urine debout sous les arbres,

rentre à cheval en plein déluge avec un régime de bananes fraîchement coupées,

c’est cela ?

Maman sur la véranda,

grande et amidonnée,

embaumant l’herbe,

qui nous appelle pour dîner,

c’est cela ?

Maman qui nous réunissait pour nous annoncer l’arrivée de Noël,

cela ?

Maman qui découpait le cochon de lait,

distribuait la viande,

le vin,

les pâtisseries…

Cela ?

Maman,

qui réparait la gouttière,

juchée sur le faîte de la maison

(nous la regardions,

fascinés)

et qui étalait ensuite devant nous des noix,

des nougats d’Alicante,

des yemas,

des dattes…

C’est cela ?

C’est elle qui sur ce lit,

au milieu

-de nouveau l’aube pointe-

commence à se tuméfier,

en dégageant d’insupportables relents ?

4.

Tout en continuant de tourner près d’elle,

je songe que le moment est venu de nous résoudre à l’enterrer.

Je sors du cercle et,

m’appuyant à la fenêtre fermée,

je fais signe à mes sœurs.

Sans cesser de gémir,

elles m’entourent.

« Nous savons ce que tu dois ressentir,

me dit Ofelia,

Mais il faut aller de l’avant.

Tu ne peux pas te laisser dominer par la douleur,

elle ne te pardonnerait pas cette faiblesse…

Allons,

me dit Odilia en me prenant par la main,

viens avec nous. »

Otillia me prend l’autre main :

« Maintenant plus que jamais,

nous devons rester auprès d’elle. »

Je me retrouve dans le cercle,

à gémir,

à me frapper,

comme elles,

la poitrine des deux mains

-et à me boucher le nez de temps à autre…

Nous continuons ainsi

(il fait sombre de nouveau) ;

elles,

imperturbables,

s’arrêtent de loin en loin pour poser leurs lèvres sur le visage défiguré de maman,

lui prendre une main tuméfiée ou arranger ses cheveux,

étirer sa robe,

astiquer ses souliers et la recouvrir avec le dessus-de-lit monumental sur lequel plane en

permanence un essaim de mouches.

Profitant précisément de la cérémonie de la toilette de maman,

je m’arrête près de mes sœurs qui,

absorbées,

la coiffent une fois de plus,

lui attachent un cordon de soulier que le gonflement avait dénoué,

tentent de boutonner le corsage que sa poitrine,

devenue gigantesque,

déboutonne.

Je crois,

leur dis-je à voix basse tout en me penchant,

que

5.

le moment est venu de l’enterrer.

6.

-Enterrer maman !

me crie Ofelia,

tandis qu’Otilia,

Odilia et Onelia me regardent,

tout aussi indignées.

Comment !

Est-il possible que tu aies pu concevoir une atrocité pareille ?

Enterrer sa mère !

Toutes les quatre,

elles me regardent avec tant de fureur que par moments je crains qu’elles ne se jettent sur moi :

-Maintenant qu’elle est plus proche de nous que jamais.

Maintenant que nous pouvons rester jour et nuit à ses côtés.

Maintenant qu’elle est plus belle que jamais !

-Vous ne sentez donc pas cette puanteur,

et ces mouches ?…

escortée d’Otilia et d’Odilia.

-Une puanteur ?

dit Ofelia.

Comment peux-tu dire que maman,

que notre mère,

pue ?

-C’est quoi la puanteur ?

me questionne Ofelia.

Tu sais par hasard ce que c’est,

la puanteur ?

Je ne réponds pas.

-Viens !

s’écrie de nouveau Ofelia :

lui,

ce n’est qu’un traître.

Elle,

à qui nous devons tout.

Grâce à qui nous existons.

Criminel !…

-Elle n’a jamais senti aussi bon que maintenant

dit Onelia,

en aspirant profondément.

-Quel parfum,

quel parfum

-Odilia et Otilia,

en extase.

C’est merveilleux.

Toutes aspirent profondément en me lançant des regards menaçants.

Je m’approche du corps de maman,

j’éloigne,

momentanément,

l’essaim enthousiasmé de mouches qui bourdonnent furieusement et moi aussi,

j’aspire profondément.

7.

Nous sommes les mouches,

soignées et charmantes.

Venez et adorez-nous.

Notre corps sans tache possède les dimensions précises

qui nous permettent de nous faufiler à travers l’espace et le temps.

Funérailles ou couronnement,

gâteau de noces ou cœur ensanglanté à peine extirpé :

c’est là que nous sommes,

rapides et familières, à ronronner, à jouir du grand banquet.

Aucun vacarme ne nous est étranger.

Aucun climat ne nous est inhospitalier.

Aucun mets ne nous déplaît.

Regardez-nous, regardez avec quelle grâce nous nous élevons au-dessus des

plantations et des jardins

condamnés à disparaître.

Mais nous, immuables,

nous nous posons

tantôt sur le cul d’une reine,

tantôt sur le nez d’un dictateur,

tantôt sur la poitrine ouverte d’un héros, tantôt sur la tête éclatée d’un suicidé.

Oh, venez et adorez-nous.

Voyez avec quel charme nous dansons, scrutons, forniquons sur le tumulus des

dieux les plus anciens,

sur les tribunes des plus récents,

par-dessus les discours enflammés qui retentissent,

par-dessus les têtes terrorisées qui se penchent, entre les mains enchaînées qui

applaudissent les sentences qui les anéantissent.

Regardez-nous tracer des volutes capricieuses, d’insouciantes

voltiges

entre les mers de squelettes qui blanchissent le désert,

sur la longue langue violacée du pendu le plus récent : -Vous.

Regardez-nous, bourdonner aux oreilles de celui qui attend son tour : -Vous ?

Nous buvons le sang frais du crucifié et en un seul tournoiement

nous tombons

ici

pour savourer la tendre cervelle de l’adolescent tout juste fusillé.

Tremblements de terre,

explosions, gels et dégels,

ères qui disparaissent, infamies qui

glorieusement s’implantent et succombent,

et nous, impassibles et triomphales, nous virevoltons.

Citez-moi un égorgement, une fusillade, des funérailles, une

catastrophe, une hécatombe, enfin, une chose digne d’être rappelée

à laquelle nous n'ayons pas participé.

Sur l’excrément et sur la rose, regardez-moi me poser.

Sur le front impérial ou le fœtus abandonné dans le bois, regardez-nous.

Dans les demeures des dieux, je bois et me pavane à mon aise (je règne)

de même que dans la porcherie de la plus déguenillée des putes.

Oh, citez-moi une fleur qui puisse rivaliser de grandeur (de beauté) avec nous.

Regardez-nous donc, après que nous avons savouré héros de la patrie, savants et

truands –tous délectables- nous qui sommes investies de pureté, pondérées et royales, nous élever dans les airs et noircir le soleil par notre gloire.

Je vous défie :

8.

L’essaim de mouches s’abat maintenant sur la bouche de maman.

Cette bouche,

une semaine après sa mort,

s’ouvre démesurément de même que ses yeux et ses narines

-qui lâchent un liquide grisâtre.

La langue aussi,

qui a pris des proportions gigantesques,

sort d’entre ses lèvres

-les mouches,

capricieuses,

ont pris leur envol.

Son front et son cou aussi sont considérablement tuméfiés,

de sorte que ses cheveux semblent se rebeller sur ce territoire tendu qui continue son expansion.

Odilia s’approche et la contemple.

-Qu’elle est belle !

-Oui,

dis-je.

Nous l’entourons tous et commençons à l’admirer.

9.

Elle a éclaté.

Sa figure avait continué de grossir au point de former une boule merveilleuse puis elle a crevé.

De même,

son ventre,

si énorme qu’il faisait glisser continuellement le dessus-de-lit,

s’est ouvert.

Tout le pus accumulé dans son corps nous inonde.

Nous en sommes enivrés.

Les excréments retenus jaillissent aussi à gros bouillons.

Tous les cinq,

nous respirons,

extasiés.

De nouveau,

en nous tenant par la main nous tournons autour d’elle et nous voyons comment des filets

d’humeur et de pus coulent de son nez démesuré,

de sa bouche qui s’est fendue en deux moitiés.

Maintenant son ventre,

qui en s’ouvrant s’est transformé en une sombre flaque qui ne cesse de bouillonner,

exhale aussi des relents délicieux.

Fascinés,

nous nous approchons tous ensemble pour contempler le spectacle de maman.

Les tripes,

qui éclatent encore,

provoquent un grouillement continu ;

les excréments,

baignant ses jambes qui se sont mises à trembloter sous l’effet d’explosions successives,

mêlent leur parfum à celui qu’exhale le liquide noirâtre,

orangé,

vert,

jaillissant à flots de sa peau tout entière.

Ses pieds,

transformés en sphères lisses,

éclatent,

baignant nos lèvres,

qui les baisaient avidement.

Maman,

maman,

crions-nous en tournant autour d’elle,

enivrés par les émanations qui jaillissent de son corps en pleine ébullition.

Au milieu de cette apothéose,

Ofelia,

resplendissante,

s’arrête.

Elle contemple maman quelques instants.

Elle sort de la pièce et

10.

elle revient déjà,

empoignant l’énorme couteau de table que seule maman savait

(et pouvait)

manipuler.

« Je sais,

nous dit-elle,

en interrompant notre cérémonie.

Je sais.

J’ai pu finalement déchiffrer son message.

Maman,

dit-elle à présent en nous tournant le dos et en avançant,

me voici,

nous voici,

fermes,

fidèles,

disposées à tout ce que tu voudras.

Heureuses de nous être consacrées à toi et de pouvoir continuer à le faire,

à toi uniquement,

maintenant et toujours… »

Odilia,

Otilia et Onelia s’approchent aussi et tombent à genoux près du lit en gémissant tout bas.

Moi,

debout,

je reste près de la fenêtre.

Ofelia termine sa harangue et avance jusqu’à se trouver près de maman.

Empoignant des deux mains l’immense couteau elle l’enfouit jusqu’à la garde dans son ventre et

s’écroule,

dans un tourbillon de contractions et de trépignements,

sur l’immense flaque grouillante qu’est devenue maman.

Les gémissements d’Otilia,

d’Odilia et d’Onelia s’élèvent rythmiquement au point de devenir intolérables

11.

(pour moi,

qui suis seul à les entendre).

12.

La merveilleuse odeur des corps pourris de maman et d’Ofelia nous enivre.

Des vers qui brillent s’agitent sur elles deux,

c’est pourquoi nous restons constamment autour d’elles pour voir les changements dont elles

bénéficient déjà.

Je vois comment le corps d’Ofélia,

complètement rongé,

se confond avec celui de maman,

formant une seule masse purulente et obscure qui embaume l’atmosphère.

Je vois aussi les regards envieux qu’Odilia et Otilia jettent sur le promontoire…

Quelques cafards se promènent dans les trous des deux cadavres.

À l’instant,

un rat,

tirant avec force sur le merveilleux promontoire,

a emporté un morceau

(de maman ?

d’Ofelia ?)…

Comme alertées par un même appel,

par un même ordre,

Otilia et Odilia se jettent sur les restes et s’emparent

-toutes les deux en même temps-

du couteau de table.

Au-dessus de maman et d’Ofelia se déchaîne une bataille brève mais violente qui effraie les

rats magnifiques et pousse les cafards à se réfugier dans la partie la plus emmêlée du promontoire.

D’un coup sec,

Odilia s’empare prestement du couteau et,

des deux mains,

elle commence à l’introduire dans sa poitrine.

Mais Otilia,

libérée,

lui arrache violemment l’arme.

« Malheureuse,

crie-t-elle à Odilia,

en se hissant sur le promontoire,

alors comme ça,

tu voulais partir avec elle avant moi…

Je lui démontrerai que je lui suis beaucoup plus fidèle que vous tous. »

Avant qu’Odilia ait pu l’en empêcher,

elle plonge le couteau dans sa poitrine et s’écroule sur le promontoire.

Mais Odilia,

en colère,

extrait l’arme de la poitrine d’Otilia.

«Égoïste,

tu as toujours été une égoïste »,

reproche-t-elle à la moribonde.

Elle enfouit le couteau dans son cœur et meurt

(ou fait semblant de mourir)

avant Otilia,

qui trépigne encore.

Finalement,

toutes les deux,

unies en une furieuse accolade de mort,

restent inanimées sur le promontoire.

13.

Nous sommes les rats et les cafards.

Ouvrez bien vos oreilles :

Les rats et les cafards :

par conséquent, venez et adorez-nous.

Venez et en authentiques dieux du monde, uniques et véritables, respectueusement

révérez-nous.

Louez mon corps de cafard,

corps qui résiste indifférent aux températures les plus abominables.

Corps qui s’alimente, en dernière instance, de son propre corps.

L’obscur, le clair, l’humide, le sec ou le râpeux, sont

pour nous des chemins identiques.

Je rampe mais si nécessaire, je m’envole.

Facilement nous savons remplacer le morceau que l’on arrache de nous.

Je vis en autoconsommation et je m’auto-engendre.

Comme on s’alimente de détritus, rien à craindre : l’avenir nous appartiendra

toujours.

Faisant de l’obscur, du sordide, du sinueux, notre demeure de prédilection, qui pourra nous expulser de l’univers puisque, précisément, il est fait à notre mesure.

Quant à nous, les rats,

quel éloge ne nous est pas dû.

quelle est la louange indigne d’être chantée en notre honneur.

Nos yeux scintillent dans les ténèbres :

l’avenir nous appartient.

Nous habitons dans les parages les plus variés,

nous sommes témoins de tous les enfers.

Point de texte sacré qui nous exclue ni d’apocalypse qui nous élimine.

Nous habitons l’église et le bordel, le cimetière et le théâtre,

la populeuse cité et l’éphémère chaumière.

Prompts, nous naviguons,

inaperçus, nous volons.

Le monde nous appartient d’un pôle à l’autre.

Nous sommes l’âme du château,

la magie du cimetière,

le prestige des hautes toitures,

passagers du tunnel, compagnons du proscrit.

Nous sommes avec le condamné à mort avant et après le supplice.

(Nous habitons près de la victime, nous mangeons près d’elle et ensuite, nous la

mangeons).

Notre activité est incessante. Dans des coffres luxueux, dans des caisses en carton,

au-dessus d’une poutre ou d’un cadavre nous parcourons la terre.

Nous sommes le symbole de l’universel et de l’impérissable.

Ainsi donc, nous sollicitons non pas une couronne, chose éphémère en vérité, non

pas un Etat ou un continent, choses promptes à disparaître.

Nous voulons l’univers entier, splendide ou en ruine, c’est-à-dire l’éternité.

Je vous défie de me nommer une colombe ou une rose, un poisson, un aigle ou un

tigre qui aient pu accomplir de telles prouesses, qui soient les maîtres d’un tel périple. Je vous défie de me nommer quelqu’un, en dehors de nous, qui soit digne de cette apologie.

Je vous en défie.

Quant à moi, divin cafard, créature ailée qui peut habiter sous terre, au plus

profond de l’urinoir ou dans l’inaccessible tour, je vous défie également

de me nommer une fleur, un animal, un arbre, un dieu qui puisse rivaliser de

grandeur et de résistance –de vitalité- avec moi.

Neige ou feu,

Déluge ou désert perpétuel.

Solitude ou tourbillon.

Campagnes antiseptiques et bombardements.

Montagnes, strict asphalte, tuyauteries déconnectées, ruines, palais et sarcophages,

abîmes où le soleil ne pénétra jamais,

oh, citez-moi une rose,

citez-moi une rose

qui puisse égaler ma gloire.

Citez-m’en une, une seule,

une rose.

14.

Le parfum des corps putréfiés de maman,

Ofelia,

Odilia et Otilia s’est emparé de toute la région qui maintenant est un désert enchanteur,

car les répugnants oiseaux,

les papillons dégoûtants,

les fleurs puantes,

les herbes pestiférées et autres arbustes,

ainsi que les arbres immondes,

ont disparu,

se sont flétris,

sont partis honteusement ou sont morts,

en raison

-ce n’est que justice-

de leur infériorité.

Toute cette inutilité chétive et éphémère,

toute cette horreur.

Tout ce paysage inutile,

indolent,

criminel,

a été mis en déroute.

La région est une magnifique esplanade parcourue d’une extraordinaire rumeur :

les allées et venues incessantes des cafards et des rats,

le va-et-vient des vers,

le bourdonnement inlassable des lumineux essaims de mouches.

Au rythme de cette musique unique,

stimulés par ce merveilleux parfum,

Onelia et moi nous continuons de tourner autour du grand promontoire et quand

(rarement),

nous levons la tête,

c’est pour contempler l’arrivée,

l’hommage déferlant,

volontaire,

des extraordinaires créatures :

des rats,

encore des rats,

des souris,

des cafards royaux de taille gigantesque,

des lombrics resplendissants aux vives silhouettes.

Nous avons ouvert grand les portes afin qu’ils puissent entrer sans difficulté.

Et ils affluent en permanence.

En groupes.

En immenses escadrons.

Dans un vacarme rythmé et magnifique ils s’entassent cérémonieusement à nos pieds puis vont

leur chemin jusqu’à l’énorme butte sur laquelle ils s’abattent,

formant une montagne en perpétuelle frénésie.

Nuage solide qui s’agrandit,

s’élève,

se répand.

Dans un mouvement éternel,

dans un délire changeant,

rythmique,

inquiet,

sourd,

unique.

La grande apothéose.

La grande apothéose.

En hommage à maman.

Par et pour maman.

La grande apothéose.

Avec elle au milieu

15.

divine,

recevant l’hommage.

Attendant après nous.

16.

Vers toi nous allons,

Onelia et moi ;

ayant encore suffisamment d’énergie

(insufflée par toi sans doute)

pour arriver jusqu’à ton promontoire et nous offrir,

radieux.

À grand-peine,

Onelia parvient à se frayer un passage entre les merveilleuses créatures.

Écartant rats et souris absorbés à ronger,

provoquant des tourbillons de mouches et de cafards qui se posent aussitôt sur place,

plongeant les mains dans le plat tumultueux que forment les vers,

elle parvient à récupérer le couteau de table.

Elle me regarde,

craignant que je n’arrive à le lui arracher.

Elle pousse un petit hurlement de jubilation et,

sans plus tergiverser,

elle s’écroule au-dessus du grand tumulte.

Les nobles cafards,

les superbes rats,

les vers parfumés et royaux qui se cabrent et se replient avec des tours magnifiques la

recouvrent sur-le-champ.

17.

Nous sommes les vers.

Venez et idolâtrez-nous.

Venez, et en vous prosternant avec soumission devant nous, seuls maîtres de

l’univers, écoutez

en grande solennité, pompe et dévotion notre discours, bref, mais tranchant :

Des siècles et des siècles de sacrifice et tout cela pour nous.

Un millénaire, mille millénaires et mille autres encore : tout cela pour nous.

Infamies et nouvelles trahisons,

ambition sur ambition, châteaux, tours, divines toges, édifices aériens, cortèges

et super-bombardements,

explosions,

escrocs qui vont et viennent : tout cela pour nous.

Expériences, congrès,

infiltrations,

esclaves et nouveaux esclavages, élections et

nouvelles abominations,

couronnements et autonominations,

révolutions ou involutions :

flagellations, crucifixions, épurations et

expulsions :

Tout cela pour nous.

Cessez pour un instant le caquetage ou la génuflexion, le toast ou la sentence et

rendez-nous l’hommage que nous méritons. Admirez

nos splendides silhouettes. Nous sommes la philosophie, la

logique la physique et la métaphysique. Nous possédons en outre un sens pratique

ancien et exemplaire : nous rampons.

comment pourrait-on nous mutiler puisque nous sommes dépourvus de membres ?

Qui oserait nous exiler, puisque nous sommes les dieux souterrains ?

Voudriez-vous nous crever les yeux alors que nous n’en avons pas besoin ?

Si vous nous mettez en pièces, nous nous multiplions.

Qui pourra nous attribuer une conscience coupable puisque nous savons que dans

le pourrissoir du monde, tous les corps ont la même saveur et tous les

cœurs empestent ?

Quel dieu pourra nous condamner (encore moins nous anéantir) puisque nous

existons précisément parce qu’il y a une condamnation, puisque

nous sommes issus de l’anéantissement. De quelle manière pourriez-vous nous

dévorer puisque, après nous avoir dévorés,

nous finissons par dévorer le dévorateur.

Mouche, cafard, rat : leur victoire, même triomphale,

termine à l’endroit où je règne, en vrillant.

Comment me détruire si dans la destruction se trouve ma victoire ?

Où courez-vous que mon corps sans pieds ni ailes ne vous atteigne,

que mon corps sans bras ne vous embrasse ?

Que mon corps sans bouche ne vous dévore ?

Capitulez, définitivement, capitulez.

J’ai entendu comment, dans cette assemblée, on a discuté de la

rose et des dieux.

Faudra-t-il que, pour exalter ma beauté je doive me comparer à des créatures aussi

éphémères ?

Franchement, je déteste les comparaisons puériles, le défi trop facile,

Le combat où le triomphe m’est acquis d’avance.

Ainsi donc, dispersez-vous jusqu’au moment du sacrifice,

tournez, faites quelques galipettes, deux ou trois bonds,

dansez, pendez quelqu’un, tirez-vous les cheveux.

Inventez de nouvelles escroqueries ou profitez des anciennes,

mortifiez votre voisin et, si vous le pouvez,

grossissez

grossissez

grossissez.

Quelle ironie : bien que nous soyons, vous et moi, les seules créatures du monde

appelées sans aucun doute à se retrouver, je ne puis vous dire

« littéralement » au revoir.

18.

Le grand moment est venu.

Celui où je dois rejoindre maman.

Je dois ?

Ai-je dit

je dois ?

Je veux,

je veux,

c’est le mot.

Finalement je peux,

en plongeant dans le tourbillon des bestioles…

Bestioles ?

Comment un tel mot a-t-il pu sortir de ma bouche ?

Ma mère,

ma mère adorée,

cette chose qui remue ici devant moi,

peut-on l’appeler bestioles ?

Ce sont des bestioles,

ces créatures merveilleuses qui m’attendent et auxquelles je dois me livrer ?

Mais j’ai encore dit

je dois ?

Comment puis-je être aussi misérable,

comment puis-je oublier qu’il ne s’agit pas d’un devoir,

mais d’un honneur,

d’un acte volontaire,

d’une jouissance,

d’un privilège…

Avec l’énorme couteau entre les mains je tourne autour du tumulus qui se replie,

se répand et tressaille,

secoué par toutes les bestioles…

Mais quoi,

ai-je encore dit

bestioles ?

Et je ne m’arrache pas la langue ?

Sans doute la félicité qui m’enivre à l’idée que bientôt je ferai partie de ce promontoire parfumé me fait dire des niaiseries.

Vite je dois

(je dois ?)

me dépêcher.

Une minute de plus est une preuve de lâcheté.

Toutes mes sœurs sont déjà là,

près de maman,

formant un seul ensemble merveilleux.

Et toi,

espèce de lâche,

tu continues de tourner autour du tumulus,

le couteau de table entre les mains sans l’enfouir vaillamment dans ta poitrine,

d’un seul coup.

Qu’attends-tu ?…

Je m’arrête près des sacrifiées.

Mais est-il possible que tu les nommes

sacrifiées ?

Je m’arrête,

finalement,

près du promontoire que forment mes douces sœurs si belles,

pleines d’abnégation,

immolées…

Comment cela,

immolées,

misérable ?

Je m’arrête devant le tumulus de mes quatre sœurs consacrées.

De toutes mes forces,

je serre le manche du couteau,

je le brandis contre ma poitrine.

Je pousse.

Mais il ne pénètre pas.

Sans doute tant de semaines à tourner autour du tumulus sans manger m’ont-elles vidé de mes

forces.

Mais je dois réussir.

Je dois continuer.

Je dois en finir une bonne fois…

J’arrive au salon envahi aussi par le parfum de maman et de mes sœurs.

J’ouvre la porte de la véranda que le vent avait claquée.

Je place le couteau entre le chambranle et la porte que j’entrouvre maintenant de sorte que

l’arme reste parfaitement ferme et verticale,

pour me jeter sur elle afin qu’elle s’introduise d’elle-même dans mon corps.

Ainsi que je l’avais vu faire une fois à un personnage,

dans un film que j’étais allé voir au bourg,

en cachette de maman…

Je me souviens comment ça se passait :

le personnage plaçait le couteau entre le chambranle et la porte,

qu’il refermait.

Et il se jetait dessus,

afin de se suicider.

Sans laisser

(naturellement)

la moindre trace sur l’arme…

Comment s’appelait ce film ?

Et surtout,

l’actrice ?…

Cette femme si belle qui fut accusée du crime…

Etait-ce sa femme ?…

Mais est-ce possible,

je pense à des bêtises pareilles alors que là,

dans la chambre,

se trouve maman,

à l’affût.

Qui attend,

qui m’attend,

de même que toutes mes sœurs.

C’est le moment…

Ingrid Bergman !

Ingrid Bergman !

Je m’en souviens.

C'est le nom de l’actrice.

-Mais que fais-tu,

en voilà des sottises

-Ingrid Bergman !

-Ingrid Bergman !

Mais quels mots dis-tu là,

maudit…

J’ouvre la porte et le couteau tombe par terre.

Au-delà de l’immense champ de sable qui était naguère la cour et le pâturage

-toute la propriété-

on distingue dans le lointain les silhouettes de quelques arbres,

et le ciel.

Un instant,

je me retourne.

J’entends le remue-ménage furieux de toutes les bestioles qui grouillent là-dedans.

Je m’approche pour contempler le spectacle…

Je crie plus fort :

Ingrid Bergman !

Ingrid Bergman !

en dominant le vacarme des rats et des autres animaux.

Je répète,

Ingrid Bergman,

Ingrid Bergman,

et je me jette sur les sables,

je traverse,

oui je traverse le pâturage,

l’immense esplanade,

j’atteins les premiers arbres…

J’aime la puanteur de ces arbres ;

j’adore l’odeur fétide de l’herbe dans laquelle je me vautre.

Ingrid Bergman !

Ingrid Bergman !

Je suis fasciné par l’odeur de putréfaction des roses.

Je suis un misérable.

Je ne peux éviter d’être contaminé par l’air de la campagne.

Ingrid Bergman !

Je me frappe,

encore et encore.

Pourtant je rampe dans le bois,

je m’appuie aux troncs,

je me raccroche aux feuillages et je m’enivre des fétides émanations des lys…

J’arrive à la mer,

je me dépouille de tous mes vêtements et,

définitivement lâche,

j’aspire la brise.

Nu,

je m’élance dans les vagues qui sans doute doivent sentir très mauvais.

J’avance toujours sur l’écume qui doit être pestiférée.

Ingrid Bergman !

Ingrid Bergman !

Et je saute.

Je saute sur la blanche,

transparente

-puante ?-

émue…

Je suis un traître.

Décidément je suis un traître.

Heureux.

Première version (perdue), septembre 1973

Deuxième version, novembre 1980

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d'Edwige Cabélo

(Extrait)

 

SCENE 1

 

 

Dans les geôles du château de la Souveraine et du Souverain que l’on devine en arrêt sur image…

Un petit vent balaie la scène et nos oreilles…

Tous les protagonistes sont en arrêt sur image…

 

Musique

 

Pipelet vient à l’avant scène, d’une main porte un gros sac en toile de jute rempli d’objets hétéroclites, de l’autre, finit de mange…Tout ça en continuant, son traintrain, en fredonnant pour lui-même, en baillant…Puis après s’être essuyé les mains ou avoir rote ( !)… il tire sur une chaîne suspendue en criant…

 

PIPELET

Au suivant…!

 

L’arrêt sur image prend fin… la chaîne tirée par Pipelet tombe avec fracas… la Souveraine hystérique, le Souverain tâchant à la calmer… Pipelet va à une Gueuse… Tout cela soutenu par des lamentations et autres gémissements d’un Chœur de Gueux…

 

PIPELET

Lève la tête la Gueuse ! À gauche… À droite…

 

Le Souverain et la Souveraine regardent la Gueuse…

 

LE SOUVERAIN 

Alors ma bien aimée, que dites vous de celle-ci ?

 

LA SOUVERAINE (Elle fait la grimace)

Non… décidément non…

 

LE SOUVERAIN 

Au cachot… !

 

PIPELET

Au suivant ! (Il appose sur le visage de la Gueuse un masque blanc et se dirige vers un Gueux…)

Lève la tête Manant… ! À gauche… ! À droite… !

 

LE SOUVERAIN 

Alors ma bien aimée… Que pensez-vous de celui-là ?

 

LA SOUVERAINE (Elle fait la moue)

Pas très …Pas assez…

 

PIPELET

Bon pour le cachot ?

 

LE SOUVERAIN

Cachot, nabot… ! Cachot… !

 

LE NAIN

Au suivant ! (Il lui met un masque blanc et se dirige vers une autre Gueuse…)

 

LE SOUVERAIN

Alors ma bien aimée… ?

 

LA SOUVERAINE (Elle fait la grimace)

Elle est affreuse, ne trouvez-vous pas ?

 

LE SOUVERAIN

Franchement, j’ai vu pire ma beauté !

 

LA SOUVERAINE

Je pense que vous êtes fatigué, Roi Gérard… Vous n’avez plus aucun discernement…

 

 

LE SOUVERAIN 

Peut être ma beauté…  Peut être…  (Il montre son pouce dirigé vers le bas à Pipelet…)

 

LA SOUVERAINE

Puisque je vous le dis Roi Gérard !

 

PIPELET

Au cachot la Gueuse ! (Il lui appose un masque blanc…)

 

LA FEE FELEE

Ahhhh… !!! (La Gueuse pousse un cri…Elle semble se dévisser la tête… On reconnaît la Fée Fêlée…) C’est bien plus joli ainsi, n’est-ce pas ? Au cachot… ?! Non mais… !

 

LA SOUVERAINE

Fée Fêlée ! Ma marraine ! Que fais-tu ici !?

 

LA FEE FELEE

Je suis venue exaucer ton vœu, ma chère filleule…

 

LE SOUVERAIN

Quelle joie ! Ma bien aimée aura donc un enfant de moi ? 

 

LA FEE FELEE

Ce n’est pas votre vœu que je suis venue exaucer Roi Gérard !

 

LA SOUVERAINE (À Gérard)

Vous avez le don d’énerver les gens ! De vous ! De vous ! Quelle importance ? Pourvu que nous ayons un fils !

 

LE SOUVERAIN 

Vous avez raison ma bien aimée…

 

LA SOUVERAINE (S’adressant à la Fée fêlée…)

J’ai failli ne pas te reconnaître dans cette tenue

 

LA FEE FELEE

On voyage plus aisément ainsi attifée.

 

LE SOUVERAIN

Vous voyagez incognito !?

 

LA FEE FELEE

Cela me permet d’entendre des choses qu’on épargne en général à mes oreilles de fée…

 

LA SOUVERAINE

Quoi par exemple ?

 

LA FEE FELEE

Des petits travers humains…

À propos, il parait que non loin d’ici il y a un Roi et une Reine qui n’aiment que le beau…

 

LES SOUVERAINS

Oh ! Le beau ?

 

LA FEE FELEE

Le beau ! Ils font jeter en prison tous les gens laids… C’est incroyable, non ?

 

LES SOUVERAINS

In-cro-yable… !

 

LA FEE FELEE

Mais vrai !

Les gens de la contrée sont triés sur le volet… La beauté en haut, la laideur au cachot…

 

LE SOUVERAIN (Doucereux)

Finalement, ne résident dans ce royaume que les gens gracieux… !!

 

LA FEE FELEE

Oui…enfin… ! Ceux qui trouvent grâce à leurs yeux…

 

LA SOUVERAINE

Que veux-tu Fée Fêlée, on ne peut se pencher sur toutes les misères du monde !

 

LE SOUVERAIN

Même si ceux qui sont laids n’ont rien fait pour naître laids.

 

LA FEE FELEE

Bon allez… !! Ne parlons plus de ce qui fâche. (Elle sort sa baguette magique qui peut être un pic à bulots…) Berceau !

 

LA SOUVERAINE

Oh ! Merci Fée Fêlée !

 

LA FEE FELEE

Un garçon ou une fille ?

LA SOUVERAINE

Un garçon ! On a choisi son nom : Riquet !

 

LA FEE FELEE (Elle actionne sa baguette comme une épée)

Riquet… !? Riquet… !? Avec toupet ou houppette…?

LE SOUVERAIN (Fier)
Oui…Avec Houppette ! Riquet à la houppe !

 

LA FEE FELEE (Elle fait une sorte de chant et de danse indien…)                    

Riquet est arrivé…!

 

la formule fait apparaître le berceau… On entend un braillement de nourrisson…

 

LE SOUVERAIN

Ah ! Le bel organe !

 

LA SOUVERAINE                                                           

Mais, comment as-tu fait ? Normalement j’aurais dû avoir un ventre tout rond !

 

LE SOUVERAIN

Comme un joli petit ballon et durant neuf mois !

 

LA FEE FELEE

On est fée, ou on ne l’est pas ! Riquet est là !                          Top musique : “Laid, laid, laid”                                    

 

 

LES SOUVERAINS(Ils s’approchent du berceau)

Oh ! Riquet est là… Riquet est … (Ils voient l’enfant et…)

 

LA SOUVERAINE

               C’est ça… !?

                                                                                                                            Partie chantée 0’18

 

LE SOUVERAIN                                                                                                                      0’25

               Il n’est pas des plus beau… !?

 

LA SOUVERAINE

               Disons plutôt qu’il est très laid… !!

 

                                                                                                                            Partie chantée 0’29

LE SOUVERAIN                                                                                                                      0’37

               Fée fêlée…

LA SOUVERAINE

               Rassure moi… il y a une solution à ça… ?

                                                                                                                            Partie chantée 0’40

LA SOUVERAINE                                                                                                                   0’47

               Fée fêlée… Fée fêlée… !?? Fée fêlée…                                                  

À partir (0’53) de là, le Chœur chante et la Souveraine, le Souverain ainsi que la Fée parlent dans une joyeuse hystérie…

 

LA SOUVERAINE

               Fée fêlée, mais c’est affreux !

               Mon bébé est hideux ! Loupé !  Difforme !  Raté !

               Ta baguette a flanché Fée fêlée…!

               Il n’est vraiment pas beau…

               Et je ne peux le jeter au cachot ! C’est mon enfant, tu comprends ?...

 

LE SOUVERAIN

               Oh ! L’horrible rejeton !

               Ne pourriez-vous actionner votre baguette magique…

               Et rendre notre Riquet magnifique ?

 

LA FEE FELEE

               Seulement en apparence

               Car Riquet est une chance

               Un don à l’humanité

               Il s’ra aimable à souhait

               C’est un esprit un surdoué

               Un amour en vérité

               Je sais… Je sais…                                                                                                          1’35

À partir de là, la Souveraine parle ce que les enfants chantent…

 

LA SOUVERAINE

               Laid, laid, laid

               Il est laid ce Bébé

               Laid, laid, laid

               Il est vraiment mal fait

 

LA FEE FELEE

Je sais… je sais…

C’est moi qui l’ai voulu ainsi !                                                        FIN DE LA MUSIQUE A 1’49

 

LES SOUVERAINS

Toi… ??  / Vous… ??

 

LA SOUVERAINE

Mais c’est dégoûtant ! Et pourquoi ?

 

LA FEE FELEE

Ce que vous faites avec les laids ne me plait pas !

 

LES SOUVERAINS

Nous… !?

 

LA FEE FELEE

Vous ! Ma baguette me dit tout !

 

LA SOUVERAINE

Nous mettons les Beaux en valeur, voilà tout !

 

LE SOUVERAIN

Un monde harmonieux est un monde heureux !

 

LA FEE FELEE

Et comment distinguez-vous la beauté de la laideur ?

 

LA SOUVERAINE

La beauté… ? C’est simplissime !                                                     

« comme ça… ! » est repris par le Chœur en même temps que les comédiens

 

La Beauté, c’est quand on a des yeux… comme ça… !

Et une bouche… comme ça… !

Et des cheveux… comme ça… !

Et qu’on parle… comme ça… !

Et qu’on rit… comme ça… !

 

LA FEE FELEE

Ah ! L’apparence ! L’apparence vous met en transes ! Vous ne prenez pas le temps de voir… Pas le temps de comprendre… Vous préférez juger, juchés sur vos préjugés…

Il faut éprouver les choses ! De l’intérieur on comprend mieux.

 

LA SOUVERAINE

Mais je ne veux rien comprendre ! La laideur me rend dingue ! Dingue ! Tu comprends… !

(Hystérique) Je ne supporte pas ! Ce n’est pas de ma faute, je ne supporte pas !

 

LE SOUVERAIN

Calme toi, ma beauté… Calme-toi…

 

LA SOUVERAINE

Calme-toi toi-même, Roi Gérard… ! Plus vilain que Riquet, ça n’existe pas !

 

PIPELET

Il a une si jolie voix pourtant…

 

LE SOUVERAIN (Au nain)

Silence… !! Apporte plutôt les lunettes de soleil royales de la Reine !

 

LA SOUVERAINE (À genoux)

Fée Fêlée, ne me laisse pas tomber ! Un coup de baguette magique et tout est arrangé… S’il te plait !

 

LA FEE FELEE

Non et non !

 

LE SOUVERAIN

Faites-le pour Riquet ! Il n’a rien demandé et il est moche comme un pou !

 

LA FEE FELEE

… Après tout… ! Ce pauvre gosse n’y est pour rien… !

Je vous propose un marché…  Libérez les laids et moi j’actionne ma baguette…

 

LA SOUVERAINE

Libérer les laids… ? Tu n’y penses pas, Fée fêlée !

 

LA FEE FELEE

Justement si ! Imagine… Un coup de baguette et Hop ! Ramage et plumage ! Quel panache !

 

LE SOUVERAIN

Oh ! Oui Fée Fêlée !

 

LA SOUVERAINE(Elle met les lunettes de soleil que le nain lui tend)

Ça mérite réflexion… ! Mais tu sais, les laids étant vraiment laids… Ne pourrait-on… les libérer certes, mais… les conduire vers un royaume plus éloigné ?

 

LA FEE FELEE

Dans ce cas, tant pis pour Riquet… (Elle va pour partir…)

 

LA SOUVERAINE (La retenant…)

Non… ! Non… ! J’en conviens !                                                   Top musique :Libérez les…”

 

(Se parlant à elle-même…faisant monter sa phobie des Laids…)

Que les laids viennent !  Ils pourront… envahir mon royaume ! 

 

LE SOUVERAIN (Tout autant hystérique que la Souveraine…)

Se démultiplier…

LA SOUVERAINE

…Faire de ce havre de beauté le haut lieu de la Laideur… !

 

LE SOUVERAIN

Une fricassée de mocheté… !!

 

LA SOUVERAINE

Un amas d’horreur… !

 

LES SOUVERAINS

Quelle horreur… !!!

 

LA SOUVERAINE (Elle parle au Souverain…)

…Mais pour Riquet, nous devons nous sacrifier !

 

LE SOUVERAIN (Comme en confidence à la Souveraine…)

Libérez les Laids…!?

 

LA SOUVERAINE

Libérez les Laids… !!

 

LE SOUVERAIN(Il hurle un ordre…)

Libérez les Laids… !!!!                                                                                                        0’24

 

Libérez-les ! libérez-les ! libérez, libérez-les laids

Libérez-les ! libérez-les ! libérez, libérez-les laids

 

Puis la musique baisse très rapidement après que les enfants aient poussé un cri libérateur…

Deux gueux libérés rejoignent les enfants sur les samias pour “le cri libérateur”…

 

LA SOUVERAINE (Elle grimace)

À toi de jouer Fée Fêlée ! 

 

La fée Fêlée, baguette tendue, tourne en dansant autour du berceau… Malheureusement, la baguette lui échappe…

 

LA FEE FELEE

Ah ! Zut ma baguette !

 

LA SOUVERAINE

Et bien quoi, ta baguette ?

 

LA FEE FELEE

Tu vois bie… je l’ai perdue!

 

LA SOUVERAINE

Tu en as bien une de rechange !

 

LA FEE FELEE

Hélas… ! C’est celle de rechange !

 

LA SOUVERAINE

Ah non ! Tu ne vas pas me refaire le coup… !

 

LE SOUVERAIN

Une promesse est une promesse… !

 

LA FEE FELEE

Je me débrouillerai pour réparer les dégâts…

 

LE SOUVERAIN

Vous nous avez dit la même chose autrefois (il montre Pipelet) et voilà le résultat !

 

LA FEE FELEE

Une fois n’est pas coutume !

 

LA SOUVERAINE

En attendant que fait-on de Riquet ?                                             

          Top musique : “Tour de Passe-Passe”

 

LA FEE FELLEE

Elevez-le… ! Pour l’heure, il est temps de m’envoler vers d’autres chantiers… (Elle claque des doigts et disparaît… La souveraine grimace en fermant les poings…)

 

LE SOUVERAIN (Iltend un bras impératif en direction du berceau)

Aile Ouest… !! Tout au bout du château…

 

 

 

         

La chanson dure 1’36, elle est interprétée dans son intégralité et elle nous sert de changement de scène.

Le personnage masqué qui aide aux changements de décor se faufile entre les pieds des enfants pour descendre des samias…

 

SCENE 2

 

Dans les appartements de Riquet… Alangui, il cherche l’inspiration…

 

RIQUET(Cherchant ses mots en fredonnant à voix haute)

            Les nuages courent

            Dans le ciel bleu,

            Moutons moelleux de beaux cotons

            S’ébrouent… bondissent et … (Il cherche…)

                             … bondissent et …

 

PIPELET (Arrivant avec un énorme gâteau dans les mains)

Et caracolent… au gré du vent !

 

RIQUET

C’est exactement cela ! Merci Pipelet.

 

PIPELET

Pas de quoi… Alors Prince Riquet, encore à rêver ?

 

RIQUET (Il rit)

J’aime les nuages… Ils bravent les cieux sous mille formes… Ils s’habillent de blanc, de rose et de violine… Quand le ciel est triste ils s’assombrissent et pleurent à gros bouillons jusqu’à ce que le ciel devienne limpide… jusqu’à ce qu’il oublie son chagrin… Et quand le soleil couchant les caresse, les nuages se parent de pourpre, d’or et tout alentour la nature rougit de plaisir !

 

PIPELET 

Les nuages sont libres… !!

 

RIQUET

Pourquoi dis-tu cela ?

 

PIPELET

Parce qu’ils voyagent… Ils sont libres d’aller où bon leur semble…

 

RIQUET

Ils vont où le vent les pousse… Ils sont prisonniers du ciel. (Il réfléchit)

Ne crois-tu pas que nous sommes toujours prisonniers de quelque chose ?

 

PIPELET

Tu te poses trop de questions, Riquet ! Tu es curieux comme un singe !

 

RIQUET (Il vole du doigt un peu de chocolat)

Et gourmand comme une chèvre…!

 

PIPELET

C’est moi qui l’ai fait…  Pur beurre de cacao !

 

RIQUET

Pourquoi un gâteau au chocolat ?

 

PIPELET

Savoure le doux moment de l’attente bon Prince ! (Il allume les bougies) 

                                       Une, deux, trois…

 

PIPELET et RIQUET

                                       Nous irons au bois !

                                       Quatre, cinq, six…

                                       Cueillir des cerises

                                       Sept huit neuf…

                                       Avec un chapeau neuf

                                       Dix onze douze…

                                       Chercher une épouse

                                       Treize quatorze quinze…

PIPELET

Bon anniversaire mon prince… !

 

RIQUET 

J’ai quinze ans !?

 

PIPELET

Il me semble que c’était hier que je te prenais dans mes bras pour te faire tourner ! (Il mange goulûment plusieurs chocolats…) Ce que c’est bon ! C’est divin… Ça fond… Ça glisse…

 

RIQUET

Méfie-toi Pipelet… Le chocolat ça rend gaga…

 

PIPELET

Je rêve de vivre dans un palais en chocolat… Avec des murs en chocolat… des tableaux en chocolat… des fauteuils en chocolat… des couvertures en chocolat… Même moi, je serais en chocolat… !!

 

RIQUET (Il sourit)

Monsieur Pipelet est fou de chocolat ! (Ils mangent…)

Dis…Tu crois que ma Mère viendra ?

 

PIPELET

Certainement… !

 

RIQUET

Tu réponds toujours ça…

 

PIPELET

Je t’assure… Elle avait très envie de te voir, mais…

 

RIQUET

…Elle avait très envie de me voir mais tu vas me dire qu’elle a été retenue, n’est ce pas ?

 

PIPELET

C’est exactement ça… ! (Là encore, le côté : à son insu, Pipelet déclenche des choses, on peut penser que c’est lui qui annonce l’arrivée de la Souveraine, en se mouchant par exemple…)

 

RIQUET

C’est elle ! (Fou de joie) C’est elle !

 

La souveraine paraît… elle porte ses fameuses lunettes de soleil

 

RIQUET (Il s’agenouille)

Mère…

 

PIPELET (À voix basse)

Allez ! Allez ! Relève toi mon garçon…!

 

RIQUET

Je suis heureux de vous voir.

 

LA SOUVERAINE (Distante dans ses propos)

Moi aussi, moi aussi… !

 

PIPELET (En aparté)

Qu’est ce qu’elle s’en fiche !

 

LA SOUVERAINE

 

…Hélas ! Gouverner me prend beaucoup de temps…

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de Philippe Ricard 

 

 

On peut voir dans le tableau, une représentation peinte de P'tit Bonhomme…

Un battant de la fenêtre aux vitres cassées est ouverte…

A l'avant-scène JARDIN, un bidon…  3 étoiles filantes sont à sa base…

A l'avant-scène COUR, un sac en toile de jute...

Entrée du Personnage qui joue de la guimbarde et dont la lampe est accrochée à sa veste...

Longer les premiers rangs en arrivant de Jardin, puis entrer sur le plateau par le coté Cour...

Se retourner face public, la salle s'éteint...

Aller à la fenêtre, puis au bidon (cesser de jouer de la guimbarde pour souffler dessus),

puis retour à la fenêtre et aller jusqu'au tableau de P'tit Bonhomme...

Le présenter, après un regard vers la fenêtre, aller à l'avant-scène pour parler au public, mais...

…  Faire exister l'oiseau... Puis l'oiseau s'est éloigné...

Que c'est agréable ce silence...

Et vous savez que les étoiles filantes aiment le Silence et la Musique...!?

C'est la raison pour laquelle je joue de la guimbarde...

Afin d'accueillir les étoiles filantes dans le Silence et... La Musique...

Apres un oeil jeté en direction de la fenêtre, dans la confidence au public...

Il est une vieille petite maison faite de pierres et de bois où il est possible de voir des étoiles filantes...

Une fois par an…  Et c'est aujourd'hui…

Apres avoir déposé la lampe tempêté sur la tablette, un regard par la fenêtre puis aller en direction du bidon...

Première étoile filantes...

Viens ma belle…  Viens ma douce…  Oisillon sans ailes…

Vous savez comment je nomme les étoiles filantes...!?

Des larmes de Lune...

En voulant la mettre dans le bidon, l'étoile filante s'éteint...

Oh...!!? Elle d'est éteinte...

À l'attention du bidon...

Désolé...

Puis retour à la fenêtre pour préparer la seconde étoile filante...

En voilà une autre...

En voulant la déposer dans le bidon, elle s'éteint comme la première...

Oh...!! Zut...! Elle s'est éteinte comme la précédente...

 

En s'adressant au bidon...

Désolé...

Puis retour en sifflant le thème musical à la fenêtre... Apres avoir pris le temps de scruter le Ciel et refermé la fenêtre...

Il n'y aura plus d'étoiles filantes ce soir...

Allant à l'avant-scène...

Et donc…  Cette vieille petite maison semblait avoir poussée comme... un champignon

 un lendemain de pluie…  Aussi, elle rayonnait… !!

Elle rayonnait du rire des enfants…, du chant des oiseaux…, du parfum des fleurs…

 Accueillante, elle hébergeait une famille toute aussi joyeuse… 

… Maiiiiiis le temmmps… !! 

Apparait un battant d'horloge et son Tic-Tac

… Le temps qui se faufile dans la vie des hommes…  se faufila entre les murs de la petite maison…

Jeu visuel, l'Homme bruite le cri strident d'une souris…

Ho… ! Ho… ! Plus de souris sur le plancher… ! plus de mouches contre les vitres…

Pas même une araignée dans un coin de la bâtisse… !

La poussière a tout recouvert

Touut est Sombre… !

Touut est Silence… 

Mais comme la vieille petite maison ne voulaient pas finir en ruine, tous les Souvenirs

se sont réfugiés dans le Monde d'en Bas… Au pied d'un Arbre…  L'Arbre aux Nuages à Souvenirs…

L'Homme Bruite des battements de cœur…

Un Arbre qui se meurt sans lumière…

L'Homme a essayé d'attrapper la lumière mais il ne tombe de ses mains que du sable…

...Dans notre Histoire, on entendra...

Voyant le battant de l'horloge, l'Homme souffle dessus pour le faire disparaître…

…, Et bien justement, on entendra hurler le vent derrière  la fenêtre…

 L'Homme bruite le vent, repris derrière la fenêtre

Ça c’est un vent froid..., violent… , qui fait pousser des nuages derrière la fenêtre…

Le nuage passe devant la fenêtre…

Dans notre Histoire, on entendra… gronder le tonnerre… !! Attention aux oreilles…  3… 4 !!

Aucun son…  L'Homme ouvre un œil, puis l'autre, se débouche une oreille, puis l'autre... toujours aucun son...

On n'a pas eu le tonnerre… !!,

Dans notre Histoire, on entendra… gronder le tonnerre… !! Attention aux oreilles…  3… 4 !!

Même jeu que précédemment, donc l'Homme pour faire bonne figure, dit par dépit…

Gronder le tonnerre…  Boum… ! Boum… !

Trois coups de tonnerre se font entendre…  ce qui effraie l'Homme... 

Puis il bruite le cri d'une chouette…

…  Un cri dans la nuit…!? Le hululement d’une Chouette…, pour réveiller la Lune… ! 

L’Homme fait mine de tirer sur une corde, on voit apparaître la Lune derrière la fenêtre…

Ce soir, la Lune est pleine… ! toute ronde… !!

Ronde comme la “grosse bouille” du P’tit Bonhomme que l’on peut voir dans le tableau… 

…Il a été peint par un enfant, comme vous, au temps où la maison vivait heureuse…

L'Homme prend conscience de sa disparition...

P’tit Bonhomme… !?? Il a disparu… !! P’tit Bonhomme… !? 

P'tit Bonhomme… !? Ce n'est pas le moment de me faire des blagounettes...!?

On perçoit une respiration apaisée…

L'Homme découvre P'tit Bonhomme endormi sous le sac des étoiles filantes

P’tit Bonhomme… !!

Il place P'tit Bonhomme délicatement dans le tableau…

« Il était une fois… 

Spectateur, l'Homme regarde depuis le sac des étoiles filantes, un nuage passer devant la lune…

Puis, il bruite la chouette… Mais lorsque le nuage se retire, la lune a disparu…

Ho ! ho !… Madame la Lune… Vous vous cachez… !? Elle a disparu… !

La Lune apparaît à l'aplomb de la fenêtre…  Surpris, l'Homme l'invite à errer dans la pièce… 

La Lune se dirige vers le bidon…  puis elle entre à l'intérieur…

Au bout d'un moment, P'tit bonhomme se réveille et passe du tableau à la tablette en éternuant…

« AAAAHH…!! AAAAHH…!! ATCHOUUUM…!! ATCHOUUUM…!!

OUHH……..!!!!!!!!!! QU' IL A FROID DANS CETTE MAISON… !! A..! AA…! ATCHOUM…!!

Puis prenant conscience que la fenêtre est ouverte… Il se dirige vers elle pour la fermer…

OH… ! MAIS BIEN SÛR… ! ÇA VA PAS LA TÊTE…!! ALORS J'ETAIS EN TRAIN DE FAIRE

UN JOLI RÊVE QUAND TOUT A… TOUT AAH…! AAAHH…!!! AAAHH…!!! ATCHOUM…!!!!

AHHH…!! ET BOUGRE DE ZUT…

Il ferme la fenêtre avec efforts…

VOIIILÀ…!!!

L'autre battant s'ouvre… Mais cette fois, P'tit Bonhomme ne peut pas l'atteindre pour la fermer…

OH…!! OH…!! PETIT PROBLEME…!!! Il essaie plusieurs solutions pour la refermer

ABRACADABRA…!! REFERME TOI…!!! Rien ne se passe…

OHHH…! C'EST PAS ÇA... !!

ABRACADABROU…!!! REFERMEZ-VOUS…!!

OHHH…! C'EST PAS ÇA... !!  Il cherche autre chose…

ABRACADABRAI…!!! REFERME-TOI S'IL VOUS PLAÎT…!!?

 Il change d'humeur… Sa colère monte lentement…

AAAAH...BRACADABRINE…! BOUGRE DE BOUGRINE…!

ABRACADABRU…! BOUGRE DE TÊTUE…!

ABRACADA…!! BRAAAA...CADABRADA… BRAAAA…!!

Il se lance dans une sorte d'incantation indienne  jusqu'à ce qu'il soit pris par un éternuement…

AAA…! AAA…!! AAA…!!! ATCHOUM…!!!

La fenêtre se referme…

OH…! OH…!! ALLEZ…! BONNE NUIT…!! Il retourne au tableau…

Il s'arrête… OH…!! OH…!!... BIZARRE…! BIZARRE…!! OÙ EST-ELLE DONC PASSÉE… !?

Regardant par la fenêtre… OUH…! OUH…!! MADAME LA LUNE... !? VOUS VOUS CACHEZ…!!!

OOOOH... ! TROP FROID... OU TROP FATIGUÉ…!!  OH…! ET PUIS BOUGRE DE ZUT…

MOI AUSSI J'AI SOMMEIL… ELLE EST BIEN ASSEZ GRANDE POUR SE DEBROUILLER

TOUTE SEULE…

Il va pour souffler la bougie… La Lune depuis le bidon l'interpelle…

HEIN…!! Il cherche… HE…! HO…! Rassuré… AH…! NON…!! Il va pour souffler...

La Lune depuis le bidon l'interpelle…Un peu plus énervé…

AH…!! MAIS BOUGRE DE ZUT…!! QUI EST LA…!!? AH…! NON…!!

Il souffle la bougie, mais la Lune l'interpelle à nouveau…

P'tit Bonhomme prend conscience de sa présence insolite dans le bidon alors qu'elle devrait être dans la nuit…

Tout ce mélange dans ses propos et dans ses gestes… tantôt se tournant vers la fenêtre, tantôt vers le bidon…

LA LUNE…!  PAS SA PLACE DANS UN VIEUX BIDON…!! C'EST DANS LA NUIT…!!

ET LES ETOILES…!? TOUTES PETITES DANS LE NOIR…!!

ET…!? QUI VA REVEILLER CE GRAND FAINEANT DE SOLEIL…!!?

La Lune l'interpelle…

HEIN…!? AH… OUI…!! VOUS AIDER…!!

J'ARRIVE…! J'ARRIVE…!! 1… ! 2… ! 3… ! Et... OH…!! OH…!! Il constate qu'il est trop loin…

PETIT PROBLEME…!!! BEAUCOUP TROP LOIN…!!! ET EN PLUS C'EST TOUT NOIR... !!!

PLEIN DE CAUCHEMARS…!!!

OHHH…!! C'EST PAS TRES MALIN…!! PAS MALIN DU TOUT…!!!

PAS UN SUPER HEROS, MOI…!! TOUT DE MÊME... PAS NAGER DANS CE NOIR…!!!

Un parapluie retourné fait son apparition…

OH…! OH…!! UN PARAPLUIE…!?

La Lune lui répond...

MAIS NON MADAME LA LUNE.. PAS UN BATEAU…! UN PARAPLUIE...

La Lune lui répond...

AHHH…!!! BOUGRE DE LUNE DANS SON VIEUX BIDON…

SACRE DIFFERENCE ENTRE UN BATEAU ET UN PARAPLUIE…!!!

SI C'ÉTAIT UN BATEAU...! FACILE…!!!

JE SAUTERAIS DEDANS… JE RAMERAIS JUSQU’À VOUS… POUR VOUS DELIVRER…

MAIS LÀ…!!! LÀ... !!  DANS CE BATEAU-PARAPLUIE… …  !!!?

 BATEAU-PARAPLUIE... !? UN BATEAU... !?

Tout en riant… OH…!! HEIN…!? OH…!! NON…!! MADAME LA LUNE…!!

OOH…!! JE VOUS VOIS VENIR…!! EN TRAIN DE ME MENER PAR LE BOUT DU NEZ…!!

NON…! NON…!! NON…!!! CE BATEAU-PARAPLUIE…! QUI FLOTTE DANS LE NOIR…!

SI C'ÉTAIT UN PIEGE…!? ET OUI UN PIEGE… !! UN PIEGE DES CAUCHEMARS…!!!!

La lune l'interpelle…

COMMENT ÇA… !? PEUR MOI… !? ALLONS DONC… !! JE VIENS VOUS AIDER…!!

Il va pour sauter dans le parapluie...

ALLEZ… !! 1… ! 2… ! 3… ! Et... OH…! OH…! PETIT PROBLEME…!!

S'adressant au parapluie…  RAPPROCHE TOI UN PEU…

Le parapluie se met en mouvement mais s'arrête trop loin…

VOILA…!! HOP…! HOP…! HOP…! MAIS NON…!!

 Amusé mais sans trop… il part de l'autre côté de la tablette pour se rapprocher du parapluie…

1…! 2…!! ET ALORS…! OH…! BOUGRE DE PARAPLUIE…!! ARRÊTE…!!

1…! 2…!! ARRÊTE JE TE DIS…!!! P'tit Bonhomme semble lui courir après…

1…! 2…!! ARRÊTE JE TE DIS…!!!

Alors que le parapluie va de cour à jardin en le narguant, P'tit Bonhomme cesse de le poursuivre…

OH…! ET PUIS BOUGRE DE ZUT…!! ZU...TE…!!

Il reste indifférant tout en sifflotant… Plus rusé que le parapluie…  P'tit Bonhomme finit par sauter dedans...

Or le parapluie le mène à l'opposé de là où se trouve la Lune

HEU…! DIS-DONC…! C'EST PAR LÀ-BAS…! OÙ IL VA…!? ELLE EST LÀ-BAS LA LUNE…!!

OH…! BOUGRE DE BOUGRINDUBOURRE DE PARAPLUIE…!! T'ES BÊTE OU QUOI…!!

ET TÊTU COMME UN ÂNE…!! RETOURNE…! RETOURNE JE TE DIS…!!

Obéissant, le parapluie tient suspendu P'tit Bonhomme dans les airs…

AHHH…!! PAS RETOURNÉ COMME ÇA…!! PAS RETOURNÉ COMME ÇA…!!

RE-RETOURNE…!! RE-RETOURNE…!!

Tout redevient comme avant, sauf que le parapluie ne bouge plus…

ALLEZ…! DEMARRE…!! ET ALORS…!? ELLE EST LÀ-BAS LA LUNE… 

C'EST CASSÉ…! NI REVENIR EN ARRIERE…! NI ALLER DE L'AVANT…!! OH…!! OH…!!

De l'eau tombe à l'aplomb du parapluie. P'tit Bonhomme en boit ; ce qui donne vie à des souvenirs enfouis…

Puis, comme remontant le temps, le battant de l'horloge le propulse dans le sac où se trouve les étoiles filantes…

AHHHHHH… !!!!

En relevant la tête il a à la place de son nez un nez rouge de clown… 

Tout en disant :  C'EST PAS ÇA MON NEZ…!! Il plonge la tête dans le sac pour ressortir à chaque fois

avec un nez différent du sien jusqu'à ce qu'il place une étoile filante qui le fait léviter jusqu'au bidon où est la Lune…

HE ! OH ! MADAME LA LUNE... TU DORS…!!? HE ! HO ! JE SUIS LÀ…!!

HOU ! LÀ…! ÇA GLISSE…! PAS TOMBER…! PAS TOMBER…!!  TOMBEEEEEEEEER… !!!

On se retrouve dans le vieux bidon…  Un gros arbre à nuage scintille faiblement…  La Lune est là également…

« Il était une fois, il y a bien longtemps, une toute petite maison, faite de pierres et de bois…

Cette toute petite maison, rayonnait… Elle rayonnait du rire des enfants…, du chant des oiseaux…  

du parfum des fleurs… Je suis “l’Arbre aux Nuages”… »

OH ! LÀ LÀ…! MES AÏEULS…!! LA GLISSADE…!! Prenant conscience qu'il est ailleurs…

OUH ! OUH !? Y'A QUELQU'UN…!? OÙ SUIS-JE…!?

 « Dans le Monde d’en bas… ! »

MAIS C'EST LA LUNE…!!

DIS-DONC L'ARBRE, C'EST TOI QUI LA RETIENS PRISONNIERE…!!

« Oh non… ! La Lune est libre d’aller où elle veut… et de mener qui elle veut par le bout du nez…»

« Par le bout du nez…! Par le bout du nez…! 

LA LUNE A MENÉ PERSONNE PAR LE BOUT DE MON NEZ…!! DE TOUTE FACON,

CE NEZ-LÀ,N'EST PAS MON NEZ…!! ET PUIS BOUGRE DE ZUT…! MAINTENANT JE VEUX

RETOURNER DANS MON TABLEAU OÙ JE SUIS BIEN TRANQUILLE MOI…!!

« Bien tranquille dans mon tableau…Moi ! »

… Mais… le vent a ouvert la fenêtre… et tu as bu l’eau claire de la Lune… Entre le Tic et le Tac du

 Temps, tu t'es retrouvé sans nez… ! tu as placé alors entre tes deux yeux… une étoile filante…

 Maintenant, tu vas décrocher la Lune pour retrouver la liberté… Mais auparavant…  pour que

 mes beaux nuages à souvenirs poursuivent leur route… je te le demande…  Laisse moi ton nez… !! »

QUE JE TE LAISSE MON NEZ…!? IL EST RIGOLO…!! J'AURAIS L'AIR DE QUOI MOI SANS

NEZ…!? TOUS MES AMIS SE MOQUERAIENT DE MOI…!!

« Tes amis P’tit Bonhomme… !? Qui sont tes amis… !? »

MES AMIS…!!? ET BIEN, PAR EXEMPLE…  AH ! OUI… ! LE PETIT GARCON QUI M'A PEINT

DANS LE TABLEAU…!! C'EST UN AMI ÇA…

Tes Amis P'tit Bonhomme… ! Ce sont des souvenirs tes Amis… ! Et ils sont tous là… Écoute…

P'tit Bonhomme perçoit faiblement d'abord puis nettement après, des souvenirs sonores…

MAIS… SI TU DIS VRAI L'ARBRE… !! SI VOUS ÊTES TOUS LÀ…!? IL N'Y A PAS UNE…

MINUTE À PERDRE…!! MADAME LA LUNE…!  MADAME LA LUNE…!  AU REVOIR…!!!

JE NE RENTRE PAS AVEC VOUS… OCCUPEZ VOUS DU MONDE D'EN HAUT…!

La Lune s'élève et remonte, laissant P'tit Bonhomme dans le monde des souvenirs...

MOI, JE BRILLE ICI…!! ALLEZ…! LES NUAGES…! FINI DE SE RACCROCHER À L'ARBRE…!

MAIS TOUT D'ABORD, DEUX PETITES CONSIGNES…

PREMIEREMENT… C'EST MOI LE CHEF…! ET DEUXIEMEMENT… C'EST MOI QUI

COMMANDE…!! TIENS…!  ÇA SENT BON  ÇA… DE LA BARBE À PAPA…!

LES MANEGES…! LA FÊTE FORAINE…!! ROULEZ JEUNESSE…!!!

ET ÇA…!? HUM…! MON GOÛTER PRÉFÉRÉ…!!!

UNE BONNE TARTINE GRILLÉE AU BEURRE SALÉ… !

JE POURRAIS AVOIR UNE GRENADINE…!

ET APRES, ON JOUE À CACHE-CACHE…! MAIS C'EST PAS MOI QUI COMPTE…!

COMMENT…!? NON JE N'AI PAS DIS QUE JE COMPTAIS POUR DU BEURRE…!

J'AI DIT QUE JE NE COMPTAIS PAS…! ET SURTOUT ON NE TRICHE PAS HEIN…!

PARCE QUE SI ON TRICHE… HEU…!! C'EST DE LA TRICHE…!!

BON…! OÙ EST-CE QUE JE VAIS ME CACHER…!? J'AI TROUVÉ…!!

NOIR

On retrouve la Lune qui ressort du bidon…Une fois qu'elle est derrière la fenêtre…

Le personnage du début, le Passeur reprend la parole…

Et voilà... la Lune est remontée dans la Nuit... veiller sur les petites étoiles, et réveiller au matin 

ce grand fainéant de soleil…

Quant à P'tit Bonhomme…  Il souffle sur la lanterne afin de l'allumer…

P'tit Bonhomme, pour sa part, ne sait plus où donner de son nez tant il rayonne auprès des Souvenirs

du Monde d'en bas...»

Il l'interpelle depuis l'aplomb du bidon

Eh! P'tit Bonhomme...! P'tit Bonhomme...!

Oh ! Et puis bougre de zut...!! Il est bien assez grand pour se débrouiller tout seul...! »

Quant à moi... Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs..., je vais de notes en notes au gré de ma

guimbarde, dépoussiérer les vieilles petites maisons pour écouter... battre leur cœur...»

Il bruite quatre fois le battement de cœur... Puis lorsque le noir s'est fait sur lui, il souffle sa lanterne...

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de Philippe Ricard

 

Première journée

1

PROLOGUE

Sur la musique d’Arnaud, différentes images (tombée de bulles de savon /Grosse boule qui roule / un premier tableau de morphing / cadran d’horloge / sable qui coule…

 

2 (A)

LA VIEILLE RÊVE

Fanny en vieille erre avec une lampe tempête. Elle voit son Vieux jeune qui est emporté par le Sbire lune

Cauchemar : Son Vieux est emporté par la Mort

 

2 (B)

LA VIEILLE RÊVE

Alors que la Vieille du rêve fait un signe d'au revoir à son Vieux, on voit la Vieille dans son lit qui a le sommeil agité.

Installation de la Vieille dans son lit qui rêve

2 (C)

RÉVEIL DE LA VIEILLE

Seule, la Vieille dans son lit, elle se réveille du cauchemar

peut-être pour reprendre ses esprits, la Vieille bois un verre d'eau, toujours dans son lit.

 

Elle va ouvrir la fenêtre après avoir mis son appareil auditif et elle appelle l’oiseau qui vient vers la fenêtre

 

Puis une sirène annonce le début des travaux, les murs tremblent, la vieille referme la fenêtre

 

3

SCÈNE DU TEMPS QUI PASSE

Projection des ombres des mobiles / tissage de la toile via un V.P / grosse boule de chantier pour démolir

Déstructuration / L’Araignée

4

LA VIEILLE SORT DE CHEZ ELLE

Comme un rappel du tissage projeté via le V.P, on voit un tissage manuel dans la fenêtre de la porte. Puis la porte

S’ouvre et la Vieille sort de chez elle en oubliant souvent des choses ce qui l’oblige à retourner chez elle. Á un moment

La porte sur sa tournette tourne et l’on voit Fanny en Ombre qui ne peut pas sortir car ce jour-là il pleut…

 

On suivra la Vieille dans les pas d’Arnaud comme le joueur de flûte de Hamelin

 

5

LA VIEILLE AU CIMETIÈRE

Au cimetière, la Vieille après avoir fait son train-train (arroser l’arbre et contourné la pierre tombale)  s’assoit pour lire

Elle s’endort. L’Ombre du Vieux en ce jour pluvieux ne peut pas retrouver son amoureuse

 

 

6

PELER DES TOMATES

La vieille pèle une tomate. La radio crachouille. Une tombée de pelure au loin…

 

 

7

TRICOTER SON OMBRE

On voit la Vieille dans son salon, assise sur un canapé deux places dans l'action de tricoter.

La pelote de la Vieille sort d'une poche placée au niveau de son cœur. Il s’en dégage une petite lumière rouge

Puis une fois partie, on voit son Ombre qui se lève et qui va saluer son vieux sur le pas de sa porte… Sc. En parallèle

Avec le vieux sur son caveau. Puis l’ombre s’accroche sur une patère comme un manteau.

Le Sbire lune passe au dehors… la lampe d’entrée grésille…

 

Deuxième journée

 

1

Comme précédemment, on voit le  Nocher, le Sbire lune

PROLOGUE

 

2 (A)

Comme précédemment, on voit la Vieille errer dans un espace noir avec sa lampe tempête, attirée cette fois par une

LA VIEILLE RÊVE

valise. Elle en sort des layettes, mais le Sbire Lune vient lui retire la valise des mains…

Cauchemar : Son Vieux est emporté par la Mort

 

2 (B)

Comme précédemment, la Vieille sort d'un cauchemar…  Elle est dans sa chambre. Comme si on montrait un peu plus

LA VIEILLE RÊVE

de choses dans sa chambre, on voit justement un miroir…

Installation de la Vieille dans son lit qui rêve

 

2 (C)

RÉVEIL DE LA VIEILLE

Alors que la Vieille passe devant le miroir, ce dernier lui renvoie un autre reflet…  C'est elle plus jeune.

 

Le miroir pivote… La Vieille semble être de l'autre côté alors que son reflet se retrouve dans la chambre. Le Vieux jeune

 

fera son apparition dans cette scène ;  scène tendre où l'on doit comprendre que le couple n'aura jamais d'enfants…

 

Puis le miroir pivote, la Vieille se retrouve un peu "choquée" par ce qu'elle a vu. Face à son reflet et son corps de

 

Vieille… 

3

SCÈNE DU TEMPS QUI PASSE

j'ai déjà  dit que la construction se ferait régulièrement. Comme si des pans de murs s'élevaient. La toile de l'araignée

Déstructuration / L’Araignée

doit se tisser également. On peut trouver d'autres choses encore…

 

4

LA VIEILLE SORT DE CHEZ ELLE

La Vieille marche avec son Ombre sur un autre plan (en arrière) Sur ce plan-là, on fait passer des formes de gens ou des

 

éléments comme un banc public, une cabine téléphonique, un arbre…

 

L’ombre de la Vieille est vêtue en vieille mais possède la jeunesse de la passion… elle a 18 ans et a hâte de retrouver son amoureux

 

 

5

 

LA VIEILLE AU CIMETIÈRE

Le couple des Ombres se retrouve… Ils ont la passion de la première fois… jeux de l’amour naissant… la Vieille réitère les mêmes gestes que la veille… Puis Arnaud, le nocher sonne l’heure du retour…

 

 

6

 

PELER DES TOMATES

Comme précédemment la vieille pèle sa tomate en écoutant le crachouillis de sa radio. Mais cette dernière va émettre une musique qui rappelle quelque chose à la Vieille. Sous la tombée de pelures, son vieux en habits de mariés…

 

 

 

 

7

A la différence de  précédemment, on retrouve la Vieille dans les préparatifs de son tricotage. Elle sort une pelote de

TRICOTER SON OMBRE

laine qu'elle veut mettre dans la poche au niveau de son cœur mais la pelote lui échappe des mains et roule à ses pieds.

 

Or la pelote n'est pas sans fin…  elle a un bout…  La Vieille tricote ainsi. On voit le bout se réduire pour finir en mailles. Même fin de salut entre les deux ombres que précédemment…

Troisième journée

1

Comme précédemment, on voit le radeau du Nocher, la Lune et le Sbire rameur

PROLOGUE

 

 

 

2 (A)

ON voit l’oiseau prisonnier d’un filet… Puis la vieille se voit dans son lit comme si elle était morte…

LA VIEILLE RÊVE

 

Cauchemar : Son Vieux est emporté par la Mort

 

 

 

2 (B)

LA VIEILLE RÊVE

Comme précédemment, la Vieille sort d'un cauchemar…  Mais elle a passé une nuit très calme… On aurait pu croire qu’elle était en effet décédée…

Installation de la Vieille dans son lit qui rêve

 

2 (C)

L’oiseau est mortellement blessée… Elle le récupère sur le pas de sa porte, ensanglantée…

RÉVEIL DE LA VIEILLE

 

 

3

SCÈNE DU TEMPS QUI PASSE

Comme précédemment…

Déstructuration / L’Araignée

 

 

 

4

LA VIEILLE SORT DE CHEZ ELLE

Elle part de chez elle, dos au public… On ne montre que le départ… elle n’a pas de caddie comme les autres fois, et elle n’a pas à revenir sur ses pas du fait d’un oubli…

 

 

5

 

LA VIEILLE AU CIMETIÈRE

Elle s’assoit sans lire ni s’endormir et lorsque l’ombre du Vieux après un batifolage avec Fanny doit passer dans le monde des vivants pour récupérer le chapeau, ce dernier est visible pour la Vieille… petite scène entre elle et l’ombre du vieux jeune…

La vieille oublie un paquet journal sur le caveau… une fois partie, l’ombre du vieux le découvre et l’ouvre… il en sort une écharpe rouge…

 

6

 

PELER DES TOMATES

Elle mange la soupe… de tomates. La table est dressée pour deux personnes…

7

 

TRICOTER SON OMBRE

Elle attend comme sur un quai de gare… avec une valise à ses pieds… Lorsque le Sbire lune vient la chercher, elle le tient par le bras puis se retournera comme un dernier regard sur sa vie…

 

Puis son Ombre l’accompagne mais quelque chose ne se passe pas comme prévu… en Parallèle on voit l’ombre du Vieux… il semble devenir mortel… il vieillit… Fanny également vieillit… dans sa décomposition elle s’accroche à un bout de la toile d’araignée… de son côté il dévide l’écharpe. Comme deux fils d’Ariane, ils se retrouvent et contrent le temps qui allait les séparer éternellement… Ils redeviennent jeunes et se retrouvent enlacés par les fils et par leur Amour…

 

 

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La Cie. Septembre

présente

 

 

Vieille et son Ombre (Yohann Antoine)

 

“Fragments

ou

la Vieille qui tricotait son Ombre…”

 

Spectacle visuel et sonore

pour 4 comédiens, 1 musicien et 2 régisseurs

à partir de 10 ans

 

Cliquez pour accéder à 10 minutes du spectacle : https://vimeo.com/86895108

 

 

SOMMAIRE

 

Résumé de la pièce et quelques mots sur chacun des personnages

Espace et forme scénique

Distribution

(voir le dossier EQUIPE)

Conditions financières et contact Compagnie Septembre

 

Spectacle coproduit par le Théâtre de la Renaissance, Oullins Grand Lyon / La Cie. Septembre ; avec l’aide de l’ADAMI et la SPEDIDAM

 

 

 

La Vieille qui tricotait son Ombre…

 

C’est l’histoire d’une petite Vieille facétieuse qui “trottine” sa fin de Vie…

Veuve, elle a sa vie derrière elle…

Aussi, elle passe le temps comme elle veut, comme elle peut, ou du moins, elle laisse passer le Temps sur elle comme une journée ensoleillée d’hiver…

Un jour ressemble à l’autre… Heureusement il y a les Souvenirs.

Et Dieu sait qu’elle en a des Souvenirs…

Á foison, même… ! et qu’elle traîne ou qu’elle pousse comme un bousier… Ou comme Sisyphe… !

Qu’elle traîne ou qu’elle pousse comme son Ombre…

Son Ombre, cadeau que lui a donné la Vie à sa naissance… cadeau qui lui rappelle qu’elle devra mourir un jour et qu’elle arbore les jours de beau temps comme un parasol… ou un crêpe noir de deuil… de son propre deuil…

Au seuil de la Mort, elle se retrouve sans descendance à qui transmettre son gros sac à souvenirs…

Mais tout cela n’est qu’anecdotique… !

Se joue parallèlement à la Vieille, un drame… Le drame de l’Amour naissant, entre sa propre Ombre et celle de son Vieux, lorsqu’elle se rend au cimetière …

 

Quand la Lune, une petite ampoule et une toile d’araignée permettent aux deux Ombres de se retrouver…

 

 

L’Ombre de la Vieille…

 

L’Ombre de la Vieille peut être prise comme “la matérialisation” de la Pensée de la Vieille…

C’est l’Amour avec un grand A …

Et l’Amour avec un grand A… a toujours 20 ans…

Aussi l’Ombre de la Vieille, tout comme l’Ombre du Vieux “pensent” comme s’ils avaient 20 ans, ce qui fait que l’on voit des corps de Vieux faire physiquement des choses de corps de 20 ans…

Aussi, l’Ombre “vit” comme elle veut sa vie d’Ombre de la Vieille sauf lorsqu’un passant les croise ou lorsque la Vieille est face à elle.

L’Ombre n’a qu’un désir… celui de rejoindre l’Ombre du Vieux Jeune au cimetière… C’est là qu’ils vivent pleinement leur Amour, l’Amour unique d’une vie…

Une fois la Vieille décédée, l’Ombre, prisonnière de la maison que les pelleteuses commencent à détruire panique à l’idée d’être oubliée.

 

 

L’Ombre du Vieux…

 

Tout comme l’Ombre de la Vieille, celle du Vieux a l’âge de l’amour naissant.

On verra le personnage du Vieux incarné dans une scène de flash-back comme une matérialisation de la Pensée de la Vieille.

 

 

Le Nocher…

 

Personnage de la Mythologie qui aidait les Âmes des défunts à rejoindre le monde des Morts…, il est dans notre spectacle “Celui par qui l’Ombre naît de toutes choses”

Il est il est celui qui influe ou qui crée les choses… qui les fait exister…

 

« De l’Ombre naîtra la Lumière… »

 

Il est donc la figure de l’Ombre…

De lui, naissent des Ombres, Émanations qui pourront également aider au déroulement du spectacle par des manipulations à vue ou par l’installation d’éléments de décor…

Il nous rappelle aussi que dès la naissance toute chose est mortelle…

Donc, c’est aussi la Mort…

Mais son image ne doit pas effrayer… C’est tout sauf l’image du squelette avec la faux.

Il choisit ses invités et les reçoit dignement

La Mort qui s’amuse à croiser la Vieille dans son quotidien.

Il est le Musicien de rues qui ravit la Vieille.

Dans un baiser rempli de tendresse, notre Nocher est venu briser le fil de l’Amour de deux êtres, en demandant au Vieux de l’accompagner…

On le verra de la même façon emporter la Vieille…

Ce personnage se promène avec le Personnage de la Lune…

  

 

Le Sbire-Lune…

 

Astre mort qui ne luit que par le rayonnement du soleil… Astre indéfectible tant de la Vie que de la mort… Astre angoissant lorsqu’elle est pleine… Astre bienveillant des comptines…

Émanation du Nocher, il l’accompagne depuis l’âge du Big-Bang… et il vient chercher toute chose vivante lorsque le Nocher décide de les emmener sur l’autre rive.

 

 

Tricoter son Ombre…

 

L’acte en soit est symbolique…

Tricoter son Ombre, signifie que la Vieille tricote ses Souvenirs pour que la Mémoire ne disparaisse pas avec son décès…

Dans le spectacle, la Vieille tricote une écharpe qui aura une très grande importance.

 

 

Différents lieux dans l’Espace…

 

La cuisine table, chaises, radio, cadre (photo de mariage)

Le salon canapé, cadre (morphing de la photo de mariage)

La chambre lit / miroir sur pied

La porte d’entrée pouvant pivoter pour voir l’extérieur et l’intérieur

La rue des Passants

Le Cimetière caveau familial

Une toile d’araignée qui se tisse au fil du spectacle, un arbre mort, une énorme boule de déstructuration, des planètes, une faille, des cauchemars, un flash-back

 

Il faut que l’on ait l’impression que les scènes jouées (les fragments de vie de la Vieille) émergent du noir du plateau…

Mais comme la nuit des Temps, tout est sans heurts…

Toute cette histoire sort de la nuit insondable de l’Univers, de la nuit insondable d’une Vie… elle apparait en fragment comme des étoiles filantes…

 

 

La forme scénique…

 

“Fragments”…

Chaque fragment est un détail de tableau… à la fin si on dévoilait le tableau entier qu’est-ce que ça donnerait …!?

Des morceaux de mosaïques ou des détails d’un vitrail pris dans la lumière et qui dans son ensemble, dégage autre chose…

Des pièces de puzzles que l’on assemble au fur et à mesure…

Des bulles de savons qui prendraient la lumière le temps de leur existence…

Des moments de la vie de la Vieille au bout du télescope du personnage du Nocher…

Du fait de vouloir montrer l’envers et l’endroit de certaines scènes ou dans la volonté de faire des gros plans d’autres scènes il y a un côté voyeur… Voyeur, c’est ce que peut être le Nocher, qui de ce fait rend aussi les spectateurs Voyeurs…

 

Pour tout cela il faut :

Apporter de “la magie”, ne pas voir ni les effets ni la préparation de ces effets

Tendre à “l’onirisme” du fait du personnage du Nocher, du fait du titre du spectacle, du fait des possibilités pour la Vieille de passer à travers le miroir pour assister à un fragment de sa vie…

Rester des artisans du Théâtre sans abuser des techniques modernes comme la vidéo…

Il faut envisager des changements de décors rapides… vites installés et vites dégagés pour profiter du plateau nu…

 

Le plateau nu est la base de toutes scènes, c’est le point mort de l’embrayage ou du jeu des comédiens…

 

Il faut donner l’impression du vide, du noir de l’Univers ou du Temps de la gestation qui entoure, protège ( !?) ces fragments éclos, le temps d’une scène.

Et que ces fragments puissent arriver de n’importe quel endroit du plateau comme des éclosions… des explosions de feux d’artifices…

  

 

Traitement des protagonistes du spectacle…

 

La Vieille est interprétée par une comédienne, Kham-Lhane PHU

L’Ombre de la Vieille est interprétée par une comédienne qui joue également le rôle de la Vieille du cauchemar et de la Vieille-Jeune, Fanny CHIRESSI

L’Ombre du Vieux est incarné par un comédien qui est également le Vieux-Jeune, Vincent NADAL

Le Sbire-Lune, incarné par le Régisseur plateau, est aussi aux commandes de la machinerie qui fait aller le temps,     Alain RABUAT

La Création lumière et la régie est de Laurent SARRAZIN

Á la régie son, se trouve Patrick CHAZAL

L’illustration ainsi que l’animation de la toile d’araignée a été faite par Yohann ANTOINE

Couture, Martine GAUTIER

Construction, Serge DANGLETERRE

 

 

Conditions financières…

 

Équipe en tournée :

 

- 3 interprètes

- 1 Musicien

- 1 metteur en scène

- 3 régisseurs (dont le régisseur plateau qui joue)

 

Total : 8 personnes

 

Montage technique = J-1  - 4 services

 

Cachet 2 représentations dans une même journée 5 000€ H.T.

Cachet 3 représentations sur deux jours 6 900€ H.T.

Cachet 4 représentations sur deux jours 8 000€ H.T.

 

(Nous consulter pour des séries de représentations)

 

+ Transport du décor 20m3 aller-retour depuis Lyon = location, essence et péage

+ Déplacement SNCF : 3 personnes depuis Saintes / 1 personne depuis Paris / 1 personne depuis Lyon / 1 personnes depuis Bordeaux / 1 personne depuis Orléans

+ Défraiements repas et hébergement pour l’ensemble de l’équipe

 

 

La Cie. Septembre / Philippe Ricard

34, rue Ferrer / 69600 Oullins

06 87 44 31 16

 

Fragments-51

                                                                        compagnieseptembre@gmail.com

http://cie.septembre.over-blog.com/

 

 

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